« Oui, mais tu es prêt quand même   » :
la « mission » de Taizé auprès des jeunes


Frère Maxime

L’article cherche à clarifier le rapport entre la communauté de Taizé et les jeunes. Taizé est dès l’origine une communauté de moines menant une vie contemplative. Elle ne se destinait pas d’abord aux jeunes. Ceux-ci sont venus d’eux-mêmes. Alors Taizé s’est-elle adaptée aux jeunes ? Plutôt que d’adaptation, l’auteur choisit de retenir l’idée d’une simplification. Ou plutôt d’une recherche constante de simplicité : langage, chant, liturgie. Simplicité dont la force est d’une part de recentrer sur l’essentiel, d’autre part de respecter et d’accueillir les parcours individuels dans leur diversité. L’accent est mis sur une théologie qui valorise chacun en invitant à mettre sa confiance dans le Christ, ici et maintenant. Enfin, Taizé se veut pour les jeunes occasion de découvrir et de se saisir des ressources de la vie communautaire. Ainsi, le secret de Taizé serait des jeunes non pas « objets de la mission » mais eux-mêmes envoyés, « missionnés » vers leurs lieux de vie respectifs pour y devenir ferments de communion dans la pâte de l’humanité..

Aux origines de Taizé, une communauté monastique

Trois fois par jour, tout s’arrête sur la colline de Taizé : le travail, les études bibliques, les échanges. Les cloches appellent à l’église pour prier. Des centaines, parfois des milliers de jeunes de pays très divers, prient et chantent avec les frères de la communauté. Des chants brefs, repris longuement, qui en peu de mots, disent une réalité fondamentale. Puis la Bible est lue en plusieurs langues. Au centre de chaque prière commune, un long temps de silence est un moment unique de rencontre avec Dieu.
    J’ai parfois l’impression que ce qui se passe sur notre colline est un prolongement des multiplications des pains rapportées dans les Évangiles. À Taizé, un peu comme Jésus au désert, les frères n’ont pas cherché à attirer les jeunes. Ils sont venus d’eux-mêmes dans ce désert humain qu’est notre tout petit village de Taizé  
    Taizé est enraciné dans la longue tradition des communautés monastiques : il s’agissait au départ, comme Jésus le fait, d’aller à « l’écart » dans un lieu « désert ». Et pourtant, dès le tout début de la vie de la communauté, les gens, les jeunes en particulier ont, pour ainsi dire, fait le tour du lac sans avoir été appelés. Si l’on essaye de chercher pourquoi tant de jeunes viennent à Taizé, pourquoi ils y sont si présents alors qu’ils semblent parfois si discrets dans les paroisses, on ne peut pas ne pas commencer par ce constat : les frères n’ont pas cherché les jeunes, ils sont venus d’eux-mêmes   Mais il faut tout de suite continuer et dire qu’une fois qu’ils étaient là, alors, à la manière de Jésus, les frères ont accepté de se laisser déranger. (...)